L'homme qui rétécit
Année scolaire : 2021-2022
Classe :
Élémentaire
Scott Carey se détend sur le pont d’un bateau avec sa femme Louise quand un nuage immense, venu de l’horizon, l’enveloppe et le couvre de paillettes lumineuses. Six mois plus tard, Scott trouve que son col de chemise est bien grand... Puis qu’il n’est plus nécessaire que Louise se hausse sur la pointe des pieds pour l’embrasser. Inquiet, Scott consulte un docteur. Et peu à peu, l’inexorable diagnostic tombe : Scott rétrécit, irradié par « un insecticide ou par le fameux nuage » ... Quelques mois plus tard, après avoir vendu son histoire à la télé pour vivre, Scott n’est plus qu’un être minuscule, blotti au pied de l’escalier dans une maison de poupée. Soudain, Butch, son chat, entré par la porte laissée imprudemment ouverte par Louise, l’attaque. Dans sa fuite, Scott est projeté au bas de l’escalier de la cave. Un nouveau monde s’offre à lui, où il faut survivre, manger, boire, sans pouvoir se faire entendre des monstrueux humains que sont devenus son frère et sa femme. Scott doit affronter en combat une énorme araignée noire puis, diminuant toujours, il peut enfin passer par la grille du soupirail et venir se fondre dans l’univers qui l’accueille.
Par Hélène Deschamps de Benshi,
L’homme qui rétrécit est un film mythique ! Un classique incontournable de la science-fiction, et d’une science-fiction, que nous pourrions qualifier de métaphysique.
Un homme, de la taille d’une souris, luttant contre son propre chat, celui-là même qui fut, dans sa vie d’avant, dans sa vie d’homme ordinaire, son animal de compagnie... Ou comment l’environnement domestique peut-il devenir hostile ? C’est tout l’enjeu esthétique de Jack Arnold, qui cherche, dans L’homme qui rétrécit, à transformer le quotidien en un univers cauchemardesque.
De fait, ce film fait frissonner ! Les trucages sont d’une efficacité redoutable et au moins deux séquences de combat demeurent d’anthologie : la première mentionnée ci-dessus, contre le chat de la famille, la seconde contre l’araignée. Deux séquences... si ce n’est le film entier, qui demeure plan par plan indélébile !
La science-fiction est un genre littéraire et cinématographique qui permet de révéler les dérives potentielles de la science. Bâti sur une observation rigoureuse de la société, de l’action de l’homme sur le monde, ce genre extrapole, parfois de façon prémonitoire, les dangers des progrès technologiques et pose des questions fondamentales sur l’avenir de l’humanité.
L’Homme qui rétrécit appartient pleinement à ce genre. Réalisé en 1957, aux Etats-Unis, en pleine guerre froide et une large décennie après le traumatisme mondial d’Hiroshima et Nagasaki, à travers l’aventure de Robert Scott Carey, c’est la peur du nucléaire, et même la peur d’une guerre nucléaire, et les fantômes de la bombe atomique que le film convoque. Le nuage que (ou qui) traverse Scott Carey est explicitement radioactif. Le nucléaire est le mal absolu que la science est absolument impuissante à soigner. Parler du nucléaire, c’est se confronter à l’inconnu : quelles sont les conséquences de la radioactivité ? et à des questions philosophiques : comment l’homme a-t-il conçu une machine dont il est impossible de mesurer la puissance destructrice ? Dont les conséquences dépassent l’échelle humaine ?